Guillaume Villeneuve, traducteur
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Le bon raisonnement

lundi 13 avril 2009, par Guillaume Villeneuve


Ma propre conscience, mon expérience devaient finalement m’inciter à apprécier autant que lui tout le prix d’une familiarité précoce avec la logique scolastique. Je ne sais rien, dans mon éducation, qui ait favorisé davantage les quelques capacités de réflexion que j’ai pu atteindre.[…] J’incline à penser qu’il n’est rien dans l’éducation moderne, qui tende à ce point à former des penseurs rigoureux qui donnent un sens précis aux mots et aux propositions, sans être la proie de termes vagues, branlants ou ambigus. L’influence des études mathématiques, qu’on vante tant, n’est rien à côté car, dans le processus mathématique, aucune des vraies difficultés du raisonnement correct n’intervient. C’est aussi une étude particulièrement adaptée au premier stade de l’éducation des étudiants en philosophie dans la mesure où elle ne suppose pas qu’ils aient acquis, par le lent cheminement de l’expérience et de la réflexion, des pensées personnelles valables. Elle leur permettra de démêler les intrications de pensées confuses et contradictoires avant que leurs pensées réflexives personnelles aient beaucoup progressé ; une capacité dont manquent totalement, faute de quelque discipline analogue, bien des hommes par ailleurs capables ; et lorsqu’ils ont à répondre à leurs adversaires, ils se contentent d’essayer, grâce aux arguments dont ils disposent, de soutenir les conclusions opposées, sans jamais ou presque tenter de détruire les raisonnements de leurs contradicteurs ; aussi laissent-ils la question pendante, au mieux, pour autant qu’elle dépende d’une discussion.

John Stuart Mill, Autobiographie, Aubier, Paris (1993), pp. 46-7

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