Est-il possible d’écriredevant une et une seule orchidéeou une jeune femmequi porte la main à ses cheveuxseule sur le canapé opposé -le sang paraît s’arrêterà mi-chemin de mes jambes,s’arrêter à hauteur de mon cœurqui bat mais ne vit pas -et Horace se moque avec raisondu buveur d’eau que je suis,dont les pensées tourbillonnentdans de prosaïques remousincapables d’une chute aiguëcomme celle des feuilles mortesqui balaient telles des lancesl’ocre du tennis à mes pieds ;est-il possible de louerDieu, mon Dieuen cette cité terrestreoù la mendiante paraît maudireoù l’apparence égareet je le sais mais m’en contente,comme ce pauvre petit chienun rescapé vu hier- le premier depuis un mois -qui trotte et trottepar tous les stades de l’inconscience ?
Mandarin, Hong-Kong, septembre 1985