Guillaume Villeneuve, traducteur
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Le visage jaune

dimanche 4 novembre 2007, par Guillaume Villeneuve


En publiant ces brèves esquisses, à partir des nombreux épisodes où les dons singuliers de mon compagnon ont d’abord fait de moi l’auditeur et finalement l’acteur d’un drame bizarre, il est bien naturel que je m’étende davantage sur ses succès que sur ses échecs. Et non pas tant dans l’intérêt de sa réputation, car c’est en vérité lorsqu’il était réduit à la perplexité que son énergie et ses ressources étaient le plus admirables, mais parce qu’il n’est que trop souvent arrivé que personne ne réussisse là où il avait échoué et que l’histoire reste à jamais sans dénouement. Cependant, le hasard a parfois voulu que la vérité apparaisse même quand il faisait fausse route. Je conserve des notes sur environ une demi-douzaine de cas de ce genre, parmi lesquelles l’affaire de la seconde tache et celle que je m’apprête à raconter présentent les traits les plus passionnants.

Sherlock Holmes n’était pas homme à faire du sport pour le sport, en général. Peu de gens étaient capables d’une plus grande résistance musculaire et c’était indubitablement l’un des meilleurs boxeurs dans sa catégorie que j’aie jamais vu ; il n’en regardait pas moins la dépense gratuite d’énergie physique comme un gaspillage et s’activait rarement à moins d’y être poussé par une raison professionnelle. Dès ce moment, il se montrait infatigable, inépuisable. Qu’il ait su garder la forme de cette manière est remarquable, mais son régime habituel était du plus frugal et la simplicité de ses mœurs frisait l’austérité.

Incipit de The Yellow Face, Paris, 1996.


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