Guillaume Villeneuve, traducteur
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BLUES FUNÈBRE

mercredi 3 janvier 2007, par Guillaume Villeneuve


Arrête toutes les montres, coupe le téléphone,
Jette au chien un os juteux, qu’il n’aboie plus,
Referme les pianos, étouffe le tambour
Sors le cercueil, qu’entrent les pleureurs.
 
Que les avions geignent, tournent sur nos têtes
Tracent au ciel ce message ’Il Est Mort’.
Noue du crêpe aux cous blancs des pigeons,
Donne des gants noirs à l’agent du carrefour.
 
Il fut mon Nord, mon Sud, mon Est, mon Ouest,
Mon travail, mon repos,
Midi, minuit, mon chant, mes mots ;
Je croyais Amour immortel ; erreur funeste.
 
Plus besoin d’étoiles ; toutes éteins-les,
Emporte la lune, démonte le soleil,
Vide l’océan et balaie la forêt ;
Car rien désormais n’aura plus aucun sens.

Poème (Funeral Blues) extrait de The English Auden 1927-1939, Londres, 1978

Traduction inédite 1986. Tous droits réservés


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