Guillaume Villeneuve, traducteur
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Richard Strauss

mardi 7 mars 2023, par Guillaume Villeneuve


Mercredi 6 janvier 1993

Hier j’étais fiévreux et enrhumé et suis resté au lit, sans croiser A[lvilde], de peur de la contaminer. Écouté les Quatre derniers lieder de Richard Strauss, l’un de mes compositeurs préférés, et me suis enivré de la nostalgie qu’il suscitait. Ramené à Roquebrune où me suis imaginé assis à une terrasse de café avec A., moi en blanc, elle avec ses cheveux grisonnants et sa mine sévère et magistrale, tandis qu’un garçon en tablier blanc nous servait le petit déjeuner. Autour de nous les parfums des brioches, du café, des pins, de la neuve fraîcheur du premier matin dans le ciel ; pas de chants d’oiseaux, mais à distance le murmure de la mer et les notes hésitantes d’une flûte de berger. Les sens exaltés, tournés vers les beaux jours à venir, sans fin. Et alors j’ai entendu le clapot languide de l’eau du bassin tombant sur la jacinthe d’eau dans le petit jardin clos – tout se mêlait dans la rêverie née de la musique dans mon état fiévreux.

Extrait de The Milk of Paradise, Londres, 2005.


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