Oh cette vallée d’été où mon John et moiMarchions au long de la profonde rivièreQuand les fleurs à nos pieds, les oiseaux alentourChantaient si doucement l’amour payé de retourEt contre lui je m’appuyai " Oh Johnny, joue avec moi ! "Mais il prit ce front de tonnerre et il s’en alla.Oh ce vendredi vers Noël, comme je m’en souviensOù nous partîmes au Bal de Charité :Le parquet était souple et l’orchestre si bienEt Johnny si superbe que j’en fus exalté" Serre-moi plus fort, Johnny cher, jusqu’à l’aube dansons "Mais il prit ce front de tonnerre et il s’en alla.Oublierai-je jamais ce grand OpéraOù la musique ruisselait de chaque splendide étoileDiamants et perles dévalaient tout en basSur les lamés de soie argentés ou dorés" Oh John je suis au ciel," voulus-je chuchoter ;Mais il prit ce front de tonnerre et il s’en alla.Oh mais il était blond comme un jardin en fleursAussi mince et haut que la Tour EiffelQuand la valse trépidait sur le vaste remblaiOh ses yeux puis ses lèvres qui m’allaient droit au cœur !" Oh épouse-moi Johnny, je t’aimerai comme une belle ! "Mais il prit ce front de tonnerre et il s’en alla.Oh cette nuit, j’ai rêvé de toi, Johnny mon amant !T’avais le soleil sur un bras et la lune sur l’autreLa mer, elle était bleue et l’herbe, elle était verteChaque étoile agitait un petit tambourin ;Dix mille milles plus bas, dans l’abîme j’avais chu ;Mais tu pris ce front de tonnerre et tu disparus.
Poème (Johnny) extrait de The English Auden 1927-1939, Londres, 1978.
Traduction inédite 1986. Tous droits réservés.