23 septembre 2012
Quand la soirée tant attendue est enfin arrivée, Penny et moi nous sommes dûment assis devant la télévision pour entendre le discours de notre chef devant l’Assemblée générale des Nations Unies.
A de très nombreuses reprises, pendant son discours, il y a eu des coupures de transmission. Abbas commençait par dire « Un État en... » et son comme image disparaissaient. Et Penny hurlait à chaque fois « Mais un État où ? » Cela m’a fait penser au discours d’Arafat en 1988 devant le Conseil national pour déclarer l’État palestinien : les Israéliens coupèrent l’électricité et nous jouâmes au Scrabble à la chandelle. Les parents de Penny, venus des États-Unis, étaient de passage chez nous : la nervosité et l’inquiétude les envahissaient. Ils devaient assister à notre mariage, qui interviendrait trois jours plus tard, le 18 novembre. Je ne crois pas qu’ils fussent très heureux que leur fille épouse un Palestinien décidé à vivre dans un endroit aussi dangereux.
Quand Netanyahu a fini de prononcer son discours, j’ai entendu Penny qui m’appelait. Elle s’était installée sur la terrasse.
- Viens me rejoindre. Il y a de beaux nuages dans le ciel.
J’ai attrapé un pull car la température s’était déjà bien rafraîchie et je suis monté. Sans le bruit de la télévision, les yeux fixés sur le ciel, j’ai savouré le silence. Je regardais les étoiles scintiller ou briller avec éclat, puis s’estomper quand les nuages vagabonds les recouvraient. Des lueurs venues du rivage brillaient au loin, mais je ne les regardais pas. Je regardais droit au-dessus et me perdais dans l’immensité de l’univers, en tentant de me vider la tête - exercice essentiel dans ce conflit qui, j’en suis sûr, continuera de nous accabler durant bien des années à venir.
Extrait de Journaux d’occupation, Paris 2016.