Guillaume Villeneuve, traducteur
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Alleluia pascal

lundi 11 mai 2015, par Guillaume Villeneuve


Pour l’office des lectures du samedi 9 mai 2015

La méditation de notre vie présente doit être à la louange de Dieu car l’exultation éternelle de notre vie future sera louange de Dieu ; et nul ne pourra s’adapter à la vie future qui ne s’y soit dès cette heure exercé. Pour l’heure donc, louons Dieu, mais appelons Dieu aussi. Notre louange recèle la joie, notre oraison le gémissement. Car nous est promis ce que nous n’avons pas encore ; et parce qu’est sincère celui qui promet, nous nous réjouissons dans l’espérance ; mais parce que nous n’avons pas encore, nous gémissons dans le désir. Il est bon que nous persévérions dans le désir jusqu’à ce qu’arrive ce qui est promis, que passe le gémissement, qu’advienne seule la louange.

C’est en raison de ces deux temps, dont l’un se déroule maintenant dans les tentations et les tribulations de cette vie, dont l’autre sera dans la sûreté et l’exultation perpétuelle, que nous a été donnée la célébration des deux temps : avant Pâques et après Pâques. Celui d’avant Pâques représente la tribulation où nous sommes pour l’heure ; celui d’après Pâques représente la béatitude dans laquelle nous serons ensuite. Avant Pâques donc, nous vivons ce que nous célébrons ; et après Pâques, ce que nous célébrons, nous représentons que nous ne l’avons pas encore. C’est pourquoi nous nous consacrons au jeûne et aux prières dans le premier temps ; dans le second, le jeûne étant allégé, nous vivons dans les louanges. C’est en effet le sens de l’Alleluia que nous chantons.

Dans notre chef l’un et l’autre nous sont figurés, l’un et l’autre nous sont indiqués. La passion du Seigneur nous montre la vie de la nécessité présente, car il faut travailler, souffrir et finalement mourir ; mais la résurrection et la révélation du Seigneur nous montrent la vie que nous recevrons.

Ainsi donc, mes frères, nous vous pressons de louer Dieu ; et c’est ce que nous disons tous en disant Alleluia. « Louez le Seigneur, » c’est ce que tu dis à autrui, c’est ce qu’il te dit à toi ; quand tous se pressent les uns les autres, tous s’empressent de faire ce à quoi on les invite. Mais louez de tout votre être ; c’est-à-dire que ce ne doit pas être la langue seule ni votre voix qui louent Dieu, mais aussi votre conscience, votre vie, vos actes.

Par conséquent, tantôt nous adorons à l’église quand nous nous y retrouvons ; quand chacun part vaquer à ses affaires, c’est comme s’il cessait de louer Dieu. Qu’il ne cesse pas de bien vivre et il louera toujours Dieu. Tu cesses seulement de le louer quand tu dévies de la justice et de ce qui lui plaît. Car si tu ne dévies jamais de la bonne vie, ta langue se tait, ta vie proclame ; et les oreilles de Dieu sont sur ton cœur. De même, en effet, que nos oreilles vers nos voix, les oreilles de Dieu se tournent vers nos pensées.

Corpus Christianorum Latinorum, 40, 2165-2166. Liturgia horarum, Vatican, 1977, II, pp. 677-8.


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