“As-tu peur de ceux qui réfléchissent sans cesse à la façon d’acheter meilleur marché et de vendre le plus cher possible ?”
Xénophon, Mémorables III, 7, 5, 6
“Il s’agit bien plus de rendre la pauvreté honorable que de proscrire l’opulence.”
Robespierre, le 24 avril 1793
“Je sais que la Révolution doit arriver dans le monde entier, mais je ne puis agir avec Danton ni Robespierre.”
Ruskin, lettre du 8 janvier 1880, Library Edition (Œuvres complètes), Londres, 1903-1912, vol. 34, p. 511
Le présent ouvrage, on peut le soutenir, représente l’alpha et l’omega de la pensée du grand John Ruskin (1819-1900). Il ne s’y trompait pas, comme il l’annonce dans l’introduction, devinant que de tous ses écrits, passés et à venir - qui occupent 39 volumes in quarto et totalisent neuf millions de mots, les journaux intimes non compris - celui-ci était le plus promis à durer. Au dernier comme au premier tient en quatre essais d’abord parus en 1860 dans le Cornhill Magazine nouvellement créé et dirigé par Thackeray, pamphlet inachevé, mais qui reste de la dynamite, comme la pensée évangélique qui l’inspire et l’anime.
D’aussi grands génies que Tolstoï et Gandhi l’ont bien vu qui tous deux ont dit être entrés dans la pensée ruskinienne par ce livre et lui avoir dû une véritable révolution spirituelle [1]. Mais c’est aussi la conclusion, au sens propre, de la carrière terrestre du grand philosophe anglais dont le cercueil, le jour de ses funérailles, le 25 janvier 1900, sera recouvert d’un drap mortuaire de soie écarlate rebrodé de la devise UNTO THIS LAST avant l’inhumation au cimetière de Coniston, à l’ombre de la grande croix celtique.
Alpha et omega de la pensée économique, de la pensée sociale de John Ruskin, Au dernier comme au premier exprime la quintessence poétique et sensible de l’auteur ; provoqué par les horreurs économiques [2] du temps, la barbarie de la prétendue science économique des Utilitaristes, le triomphe du Veau d’or, il expose la nécessité de voir les yeux ouverts, c’est-à-dire de sentir par le cœur, pour comprendre. Il reparaît à point nommé, en ce début de siècle et de millénaire, pour asséner des vérités auxquelles la crise économique mondiale, avec ses ravages de chômage et de ruine, donne une acuité aveuglante.
Pour Ruskin, les pages d’Au dernier comme au premier resteraient toujours associées à l’été alpestre, ses aperçus enneigés, ses gentianes, ses roses sauvages et ses lis de Saint-Bruno. [3] Il les compose dans la vallée de Chamonix, lors d’un séjour de plusieurs mois en compagnie d’un jeune artiste des États-Unis, son invité, W. J. Stillman. Leurs journées sont consacrées au dessin en plein air, à une ascension quotidienne, à de longues discussions nocturnes ou à des parties d’échecs. Ces réflexions sont de la montagne où la vue porte plus loin, où l’air est plus pur, le ciel plus bleu. Ruskin n’a pas oublié son cyanomètre, instrument de mesure inédit par lequel il évalue l’intensité d’un ciel bleu dès le deuxième grand voyage continental, en 1835, avec ses parents. [4] Il est celui pour qui la perspective de collines éloignées est associée dès l’enfance à “la proximité des félicités extrêmes de la vie,” celui qui renaît depuis toujours en Cumbria - la région des lacs - où il achètera bientôt son magnifique domaine de Brantwood, au bord de Coniston Water. [5] Il reste l’adolescent qui avait demandé le Voyage dans les Alpes (en français) de Saussure pour son quinzième anniversaire. [6] Entre-temps sont survenues trois illuminations décisives. Ce fut d’abord, en 1842, en forêt de Fontainebleau, la vision absolue d’un jeune tremble que l’excellent dessinateur qu’il est dessine dans son intégrité, dont il voit l’être en vérité. “Voir clairement, c’est la poésie, la prophétie, la religion tout ensemble.” [7] Puis, en 1853, dans le fameux chapitre 6 des Pierres de Venise, intitulé “La nature du Gothique”, il dénonce la dégradation morale du travail manuel, condamne avec véhémence la division du travail, exalte la dignité nécessaire du travail manuel le plus humble. Enfin, c’est en 1858, à Turin pour lui aussi, une crise, une brusque déprise de l’évangélisme, ce protestantisme rigoriste dans lequel il avait été élevé. La catalyse d’un succulent dîner arrosé de bon champagne (du Moët, à l’époque) et d’un tableau de Véronèse (Salomon et la reine de Saba) saisi dans toute sa “magnifique animalité” catholique provoque sa “déconversion” et commence d’instiller un scepticisme (il se dispute avec Stillman sur le respect du sabbat et tout un rubricisme protestant) qui va lui permettre de mieux voir l’injustice économique. Celui qui devait tant aux paysages naturels (et à un paysagiste en particulier, John Loudon, son premier mécène et éditeur), qui tenait comme Wordsworth que “la Nature n’a jamais trahi le cœur qui l’aimait”, qui plaçait comme son maître Platon la contemplation au premier rang de nos devoirs, se rend compte que la beauté éternelle doit être donnée à tous (A Joy forever must be a Joy for all [8]) ; l’esthétisme égoïste est une impasse ; au reste, ses observations météorologiques des ciels et des nuages n’ont cessé de lui révéler la disparition du bleu céleste, l’atroce pollution industrielle, les pluies acides, la dégradation du climat [9].
La fortune paternelle, loin de l’endurcir, loin d’encourager son oisiveté, lui a permis de nourrir son esprit et son cœur par un travail acharné. Il a compris que l’économie est d’abord affaire d’affection (I, §7), celle qu’on se doit, celle que doivent les patrons aux employés, sous peine d’assister à “l’action explosive des désaffections” (I, §12), c’est-à-dire aux manifestations, aux grèves et finalement aux révolutions. “Le maître doit être comme un serviteur” (Luc 22, 26) car il sera donné “au dernier comme au premier”.
Force est de constater que la situation économique de l’Angleterre, en 1860, n’a rien d’évangélique ; bien plus, écrit Ruskin,“je ne connais pas d’exemple antérieur, dans l’histoire, où l’on ait vu une nation désobéir systématiquement aux premiers principes de sa religion déclarée” (III, §55). La “nouvelle loi des pauvres” de 1834, inspirée par Malthus, est toujours en vigueur, qui fait un crime de la pauvreté et consacre la “philosophie” économique des Utilitaristes et des Libéraux. Cette loi, dont Dickens a bien décrit les effets, visait à rendre la vie des internés de l’hospice pire à tous égards que celle vécue au dehors ; elle criminalisait tout secours au pauvre apte au travail octroyé indépendamment du système centralisé des hospices. Elle représentait la victoire des “économistes darwiniens” qui “transposaient de façon absurde les lois de la jungle, de concurrence effrénée et de lutte pour la vie, à la société humaine en affirmant que des crocs sont une vertu chez l’homme comme ils le sont chez la bête sauvage.” [10] Confrontés au sort atroce des ouvriers surexploités de telle région minière, à la pauvreté radicale, à la maladie spirituelle, il arrivait que les cœurs sensibles éclatent : Virginia Woolf a peint, dans un essai aussi bref qu’émouvant, le désespoir du pasteur Skinner acculé au suicide en 1839. [11]
Ruskin, lui aussi, était de plus en plus révolté par la condition réservée à la majorité de ses frères humains. Si l’on peut s’étonner qu’il ne relie pas dans Les Pierres de Venise le “pur et simple gangstérisme des Vénitiens” - la formule est de Kenneth Clark - à leur art gothique, il n’en reste pas moins qu’il appartenait à la poignée de ceux qui tenaient qu’on ne pouvait séparer les problèmes socio-économiques des questions morales. [12] Cette conception semblait grotesque et sentimentale aux économistes de son temps - un Stuart Mill, un Ricardo, peut-être rejoints aujourd’hui par nos économistes monétaristes... On verra plus loin avec quelle ironie Ruskin ridiculise leurs arguments (IV §57).
En attendant, l’indignation économique de la pensée ruskinienne était passée inaperçue chez ses riches lecteurs capitalistes. Le présent ouvrage éclata comme la dynamite que serait bientôt Nietzsche et qui restait à inventer.
Le scandale fut considérable. Les commentateurs “avertis” traitèrent ses réflexions de “folie absolue,” de “bêtise complète” et l’auteur lui-même “d’institutrice hystérique”. Le camp adverse des capitalistes et de leurs alliés, les “économistes orthodoxes”, ne s’y trompait pas : “si nous ne l’écrasons pas, ses propos insensés inspireront le désir d’agir à certains cœurs, et avant que nous ne nous en soyons rendus compte, un raz-de-marée moralisateur pourrait déferler et tous nous noyer.” [13] Leurs pressions réussirent à effrayer Thackeray qui devait se concilier les abonnés de sa nouvelle revue. Il annonça à son auteur qu’il ne pourrait poursuivre sa collaboration au delà du quatrième essai (Ad valorem) qui en annonçait pourtant au moins un autre.
Ruskin passait désormais pour un socialiste, c’est-à-dire l’équivalent d’un communiste collectiviste, voire d’un révolutionnaire prêt à remettre en cause le droit de propriété. Il prévoit ces accusations dans l’ouvrage, s’en défend et veut les réfuter (Introduction, § 7 ; III, §§ 54 et 55). En réalité, sa pensée économique allait se radicaliser. Si l’on chercherait en vain dans ses Œuvres complètes les noms de Marx, Proudhon, Engels ou Saint-Simon, si une lettre à Browning du 27 novembre 1856 montre qu’il ignorait à cette date le sens du mot français phalanstère, il ne fait pas de doute pour le grand ruskinien qu’était Kenneth Clark qu’il aurait “approuvé le communisme”. [14] Cette radicalité était d’emblée visible dans le titre de l’essai, qui semble laisser entendre que Ruskin partage l’idée exposée en 1891 par Kropotkine [15] : tous les salaires doivent être égaux, quoi qu’il en soit du travail effectué, car la dignité de chacun vaut celle des autres. De fait, le prophète allait se persuader que le système capitaliste, en pratique, était intégralement corrompu, qu’il n’avait d’autre fin que de tirer sur la corde jusqu’à ce qu’elle se rompe (I, §7).
Le déchaînement de critiques haineuses que lui avaient valu ses quatre essais, le refus de Thackeray, faillirent le persuader de s’exiler définitivement dans les Alpes suisses ou françaises. Heureusement, d’autres grands esprits, à commencer par l’historien Carlyle, s’empressèrent de le féliciter. Dès le 29 octobre 1860, celui-ci lui écrit : “il n’est pas de ‘science’ digne des hommes (par opposition aux chiens ou aux démons) qui ait le droit de se baptiser ‘économie politique’ ; ni qui puisse exister le moins du monde, sinon comme un fléau fétide et un poison public.” Mais Ruskin ne pouvait se déprendre de son accablement. À son vieux tuteur, W. L. Brown, il écrit fin 1860 : “Car c’est un fait : tous les plaisirs supposés de l’argent - de la fortune - sont des plaisirs de l’imagination (...) Je suis si possédé de mépris et de fureur quand je pense à tout ça que je ne puis écrire.” Il vit une première crise de dépression, se met à douter de l’au-delà. Le 10 mars 1863, il écrit à un autre ami des États-Unis, le fameux érudit Charles Eliot Norton : “La folie et l’horreur de l’humanité m’apparaissent davantage de jour en jour.”
Las, ce sont les prophètes que le commun des mortels accuse de folie. Comment leur pardonner d’avoir eu raison avant tous ? Ruskin, après avoir partagé avec Nietzsche l’amour des Alpes, de la Suisse en été, du champagne, après avoir vécu lui aussi une crise à Turin, connaîtrait un ultime raptus d’exaltation en 1889, qui le laisserait plus ou moins prostré onze années jusqu’à sa mort, en 1900, lui aussi. Ces ressemblances, si étranges, s’arrêtent là, outre celles majeures de la force, de la dynamite de leurs écrits et d’un mépris conjoint pour l’escroquerie démocratique, car la dépression du sage de Brantwood ne devait rien à la syphilis, mais tout à l’épuisement d’un cœur et d’un esprit trop sensibles devant la marche d’un monde qu’il n’avait cessé de dénoncer. À chaque étape de sa réflexion, ses pensées avaient paru insensées au vulgaire, qu’il s’agisse de son enthousiasme pour Turner, de son appréciation du gothique vénitien ou de sa théorie économique, jusqu’à ce que l’opinion de l’époque les rattrape et y voie de simples évidences. Pour lui, il n’était plus temps et comme le dit son premier biographe, c’était un spectacle terrible que la “vision de cette noble âme déchirée par les tourments.” [16] On l’imagine, silencieux, attentif aux oiseaux, ne trouvant plus de forces que pour jardiner un peu dans le “jardin du professeur,” puis pour s’asseoir dans son confortable fauteuil d’ardoises moussues, à deux pas d’une cascade chantante dont l’eau mobile et les ions positifs apaisaient, fugitivement, son désespoir.
Mais il est temps pour le lecteur de voir par lui-même ce que sa pensée avait de révolutionnaire, comment elle inspira toutes les réformes de l’État-providence mises en place en Angleterre et en Europe occidentale pendant la première moitié du XXe siècle. Il percevra aisément en quoi le recul cyclique des sociétés humaines, en proie à cette dégénérescence qu’analysa Platon, dégénérescence démocratique débouchant sur la tyrannie, redonne toute sa pertinence à son analyse.
Qu’il s’agisse de ceux - et leurs amis - pour qui “réussir dans la vie” c’est avoir tel article de quincaillerie à 50 ans et donc empêcher les autres de l’avoir (II§27), de la mise en place autocratique européenne de la “concurrence libre et non faussée,” de la recherche constante du moins cher et de ses effets sur la dévalorisation de l’humain et les délocalisations (I§7, II§18), de la privatisation des services publics, de l’asservissement de l’État-nation aux intérêts privés du marché jadis “commun” (II§28), de la crise mondiale de la confiance (I§§ 1 et 23), de la sous-traitance de la sous-traitance, de la grande distribution et de ses flux tendus (II§37), du marché mondial des matières premières vivrières et de la suppression des stocks pour décupler la spéculation sur la faim (IV§63), de la gestion nationale ou internationale (Palestine) de l’injustice par l’aumône (III§44), de l’impossibilité d’éradiquer le chômage si l’on ne cesse d’accroître “les gains” de productivité (III§51), enfin et surtout de la nécessité absolue, pour l’économie de l’obscurité, de propager l’ignorance - par le recours aux mots abscons et étrangers, aux produits financiers hyper-complexes - afin de décupler “l’avantage” de l’escroc sur le floué (III§49, IV§§ 56, 66, 67), Ruskin propose ici une analyse fulgurante pour chacun. [17]
Il met en garde les puissances d’argent : que vaut l’argent face à la Révolution ? Il prévient les petits que nous sommes, la chair à canon, à manipulation génétique imminente, à filature électronique : “la racine primordiale de la guerre, c’est la volonté des capitalistes ; mais sa vraie racine est la cupidité de toute la nation, qui la rend incapable de foi, de franchise ou de justice et qui provoque par conséquent, le moment venu, la perte et le châtiment distincts de chaque individu.” (IV §76, note 46).
Dans ce livre, le plus concis et lumineux de tous [18], il nous objurgue de donner leur sens aux mots masqués dont on affuble l’”homme économique” qui n’existe pas - “valeur,” “loi de l’offre et de la demande,” “richesse,” “prix” ou “produit” - il nous enjoint d’opérer un renversement évangélique, et d’abord aux capitalistes et aux marchands de se sacrifier comme des soldats en cas de crise ou de ruine, jusqu’à la mort. Il démontre l’articulation de l’écologie et de l’économie, et comment une sage consommation est le parachèvement de la vraie production et le contraire absolu de “la société” de consommation - fondée sur un axiome mortel : “à supposer que toutes les parties veillent à leur intérêt personnel” (IV§76) - et dont les insensés poursuivent la Mort sous les traits de l’or. Il rappelle, faisant écho dans les dernières pages aux premières lignes de l’introduction, qu’il faut que subsistent des citoyens honnêtes faisant de la maîtrise de soi le premier bien à maîtriser pour que perdurent une société et un État vivants.
Brantwood - Fontainebleau - Sénart - juin 2009
Guillaume Villeneuve
[1] Tolstoï cité par son traducteur anglais Aylmer Maude, Library Edition abrégé en L.E., vol. 34, p. 729 ; Gandhi, Tous les hommes sont frères, traduction Guy Vogelweith, Paris, 1979, p. 61 : “Je pense que ce livre magistral m’a révélé quelles étaient mes convictions les plus profondes ; cela explique mon enthousiasme pour cette œuvre et les transformations qu’elle apporta dans ma vie.”
[2] Arthur Rimbaud, “Soir historique” in Illuminations
[3] Timothy Hilton, Ruskin, Yale, 2000, vol. II, p. 14
[4] L.E., vol. 1, p. xxx
[5] John Dixon Hunt, A Wider sea, Londres, 1982, 1998, pp. 26, 39
[6] L.E., vol. 1, p. xxv
[7] Hunt, op.cit., p. 126. Il s’agit, selon la formule de Lanza del Vasto, de “l’adamique intuition de l’essence des êtres et des choses,” Dialogues avec Lanza del Vasto, Paris, 1980, p. 119.
[8] Aratra Pentelici, § 17.
[9] J.D. Rosenberg, The Darkening Glass, Londres, 1963, pp. 212sq.
[10] Rosenberg, op.cit., p. 128, p. 130
[12] Kenneth Clark, Ruskin Today, Londres, 1964, 1982, pp. xviii-xix.
[13] citation du Manchester Examiner and Times du 2 octobre 1860 reproduite in K. Clark, op.cit., p. 265.
[14] op.cit., p. 268. On pourrait rapprocher cette position de la lettre fameuse du 2 août 1871 adressée par le grand poète et jésuite Hopkins à Robert Bridges : “en un sens, je suis communiste” Poèmes et proses, traduction de Pierre Leyris, Paris 1957, 1980, p. 154.
[15] Kropotkine, Œuvres, sans nom de traducteur, Paris 1976, pp. 132 sq. où le prince anarchiste part lui aussi des théories de Ricardo pour en pointer l’illogisme.
[16] L.E., vol 35, p. xxxiv ; Collingwood, Life and Works of John Ruskin, Londres, 1900, p. 382.
[17] Prophétique, il écrit au Daily Telegraph le 6 août 1868, dans le prolongement des polémiques suscitées par Unto this Last : “Tout moyen de transport public doit être financé sur fonds publics. [...] Ni les routes, ni les chemins de fer, ni les canaux ne doivent jamais verser de dividendes à quiconque.” L.E. vol. 17, pp. 530-1. Au même, il écrit le 9 août : “Rien ne saurait mieux illustrer les maux de la concurrence par opposition à une régulation équitable des prix que [...] cette demande instante d’un deuxième chemin de fer à Brighton. Une loi vraiment sage veillera à ce qu’un seul chemin de fer soit pleinement utilisé, en fixant les tarifs nécessaires à ce service complet. La concurrence, elle, imposera deux chemins de fer (en mobilisant deux fois les capitaux nécessaires) ; puis, si les deux compagnies s’entendent, elles pourront pressurer le public aussi efficacement qu’une seule ; si elles rivalisent, elles transporteront ledit public dans des voitures sales et au péril de sa vie, en réduisant au maximum les dépenses de fonctionnement dans leur antagonisme.” (ibid., p. 532)
[18] À l’exception de la phrase du §74, longue de 268 mots français (apostrophes comprises) et de 242 en anglais, mais dont l’objet est de montrer, comme le §73, que le capitalisme n’a rien d’automatiquement vertueux...