Il y a quarante-deux ans (pour moi sinon pour autruiLe chiffre a quelque valeur) les étoiles brillaient dans la nuitEt le train de l’ouest était vide, sans couloir ;Aussi courant d’un bord à l’autre pouvais-je saisir l’aspectNeuf de ces trous brillants, presque intolérablement,Percés dans le ciel, qui m’exaltaient en partie parLeurs noms latins, en partie parce que j’avais lu dans les manuelsÀ quelle grande distance ils étaient, on disait que la lumièreLes avait quittés (certains du moins) longtemps avant que je sois.Et songeant à cela, à cette heure, je note que la lumièreQui partait de certains, du moins en ce temps-là,Il y a quarante deux ans, n’arrivera jamais à tempsPour que je la saisisse, et quand elle seraVraiment là, cette lumière pourrait trouverQu’il ne reste plus personnePour courir d’un bord à l’autre d’un train de nuitÀ l’admirer en supputant l’infini.
Star-Gazer, in Collected Poems (1961-1963), Londres, 1966 ; poème traduit à Shanghaï en 1985, recueilli dans l’Anthologie bilingue de la poésie anglaise, Gallimard, Paris, 2005