Guillaume Villeneuve, traducteur
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Les racines de l’honneur

mercredi 9 janvier 2013, par Guillaume Villeneuve


PREMIER ESSAI

LES RACINES DE L’HONNEUR

1 - Parmi les illusions qui se sont emparées à différentes périodes des esprits d’une grande partie de l’espèce humaine, la plus curieuse peut-être - en tout cas la moins digne de foi - est la soi-disant science moderne d’économie politique, fondée sur l’idée qu’un code profitable d’action sociale peut se définir indépendamment de l’influence des affects sociaux.

Bien sûr, de même que l’alchimie, l’astrologie, la sorcellerie et telles autres croyances populaires, l’économie politique est issue d’une idée plausible. “Les affects sociaux, dit l’économiste, sont des éléments accidentels et perturbants de la nature humaine ; mais l’avarice et le désir de progrès sont des éléments constants. Éliminons les inconstants et, en ne voyant en l’être humain qu’une machine de désir et de cupidité, examinons par quelles lois du travail, de la demande et de l’offre, s’obtiendra la plus grosse accumulation de richesse. Ces lois une fois déterminées, il reviendra ensuite à chaque individu d’introduire autant des éléments affectifs perturbants qu’il lui plaira, et de déterminer le résultat qui le concerne compte tenu des nouvelles conditions supposées.”

2 - Ce serait là une méthode d’analyse parfaitement logique et réussie, si les accidents introduits par la suite étaient de la même nature que les forces examinées en premier lieu. Soit un corps en mouvement sous l’effet de forces constantes et variables, la façon la plus simple d’examiner sa trajectoire consiste d’ordinaire à la calculer compte tenu des conditions invariables en ajoutant ensuite les causes de variation. Mais les éléments perturbants du problème social ne sont pas de même nature que les éléments constants : ils altèrent l’essence de la créature observée dès qu’ils sont ajoutés ; ils opèrent de manière chimique et non mathématique, en introduisant des conditions qui rendent caduque toute notre connaissance antérieure. Nous avons fait de savantes expériences sur de l’azote pur, et nous sommes convaincus que c’est un gaz très maniable ; mais voilà que ce que nous devons manipuler en pratique est son chlorure et qu’à l’instant où nous le touchons sur la foi des principes établis, il nous expédie, nous et notre matériel, au grenier.

3 - Observez que je ne combats ni ne mets en doute la conclusion de ladite science si l’on accepte ses termes. Je ne m’y intéresse tout simplement pas, comme je ne m’intéresserais pas à une science gymnastique qui poserait que les hommes n’ont pas de squelettes. On pourrait montrer, dès lors, qu’il serait profitable de faire des rouleaux des étudiants, de les aplatir comme des crêpes ou de les étirer comme des cables ; et qu’une fois ces résultats atteints, réinsérer le squelette n’irait pas sans divers inconvénients pour leur constitution. Le raisonnement pourrait être admirable, les conclusions véridiques et la science ne pécher que par son applicabilité. L’économie politique d’aujourd’hui repose précisément sur ce genre de fondement. Posant, non que l’être humain est dépourvu de squelette, mais qu’il n’est que squelette, elle établit une théorie ossifiante du progrès sur sa négation de l’âme ; après avoir montré tout le parti qu’on peut tirer des os, après avoir construit nombre de figures géométriques intéressantes avec des têtes de mort et des humérus, elle prouve avec succès l’inconvénient d’une réapparition de l’âme dans ces structures corpusculaires. Je ne nie pas la vérité de cette théorie : je nie tout simplement qu’elle puisse s’appliquer à l’état actuel du monde.

4 - Qu’elle ne puisse s’y appliquer, les troubles résultant des récentes grèves ouvrières l’ont curieusement illustré. Il s’agit en l’occurrence d’un des cas les plus simples, sous une forme pertinente et positive, du premier problème vital qu’ait à traiter l’économie politique (la relation entre employeur et employé) ; devant une crise sévère, quand l’existence des multitudes et une richesse considérable sont en jeu, les économistes politiques sont désarmés - pratiquement muets : ils ne peuvent apporter aucune solution démontrable au problème, qui puisse convaincre ou calmer les parties adverses. Inévitablement, les maîtres ont un avis sur la question ; inévitablement, les exécutants en ont un autre ; aucune science politique ne peut les réunir.

5 - Il serait étrange qu’elle le puisse, dans la mesure où ce n’est pas par une “science”, quelle qu’elle soit, que les hommes furent jamais destinés à être réunis. Chaque orateur s’efforce vainement de montrer que les intérêts des maîtres sont - ou ne sont pas - contraires à ceux des hommes : aucun des plaideurs ne semble jamais se rappeler qu’il ne s’ensuit pas forcément ni toujours que les personnes s’opposent parce que leurs intérêts s’opposent. S’il n’y a qu’un croûton de pain sous un toit, et que mère et enfants meurent de faim, leurs intérêts ne sont pas identiques. Si c’est la mère qui le mange, les enfants en sont privés ; s’ils le mangent, leur mère devra partir travailler affamée. Pourtant, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’il y ait “antagonisme” entre eux, qu’ils se battent pour le croûton, ni que la mère, étant plus forte, l’obtienne et le mange. Pas davantage, en tout autre cas, quelles que soient les relations des êtres, doit-on tenir pour certain que, parce que leurs intérêts divergent, il faut nécessairement qu’ils se considèrent avec hostilité et recourent à la violence ou à la ruse pour obtenir l’avantage.

6 - Même s’il en allait ainsi, et qu’il était aussi juste qu’il est commode d’estimer que les hommes ne sont mûs par nulle autre influence morale que celles qui affectent les rats ou les porcs, les conditions logiques du problème resteraient indéterminables. On ne peut généralement jamais montrer soit que les intérêts du maître et de l’ouvrier sont identiques, soit qu’ils sont opposés ; car, en fonction des circonstances, ils peuvent être l’un ou l’autre. Il est en effet toujours de l’intérêt des deux que le travail soit bien fait, et un juste prix versé en échange ; mais dans la division des profits, le gain de l’un peut, ou non, représenter une perte pour l’autre. Il n’est pas de l’intérêt du maître de verser des gages si bas que les hommes soient malades ou déprimés, ni de l’intérêt de l’ouvrier de percevoir des gages élevés si la modicité du profit du maître l’empêche de développer son entreprise ou de la gérer dans les conditions de sécurité et de liberté nécessaires. Le chauffeur de locomotive ne doit pas désirer un salaire élevé si la compagnie devient trop pauvre pour entretenir la machine en bon état.

7 - Et la diversité des contextes qui influence ces intérêts réciproques est à ce point infinie que toute tentative de déduire des règles d’action à partir d’une balance d’intérêts relatifs est vaine. Et elle ne peut qu’être vaine. Car le Créateur des hommes n’a jamais voulu que les actions humaines soient guidées par des balances de profit, mais par des balances de justice. En conséquence, il a rendu à tout jamais futile toute tentative de déterminer l’expédient. Nul n’a jamais su ni ne peut savoir quel sera le résultat final, pour lui-même ou pour les autres, d’une ligne de conduite donnée. Mais chacun peut savoir, et la plupart d’entre nous le savent bien, ce qu’est un acte juste et un acte injuste. Et nous pouvons tous savoir, également, que les conséquences de la justice seront les meilleures possibles, en définitive, tant pour les autres que pour nous, bien que nous ne puissions dire ce qui est meilleur, ni comment il risque d’advenir.

J’ai parlé des balances de la justice, en incluant dans le terme “justice” l’affection - celle qu’un homme doit à un autre. Tous les rapports droits entre le maître et l’exécutant, comme tous leurs meilleurs intérêts, reposent en définitive sur elles deux.

8 - Nous trouverons la meilleure et la plus simple illustration des relations entre maître et exécutant en considérant la situation des domestiques d’une maisonnée.

Nous supposerons que le maître de maison ne veut obtenir qu’autant de travail de ses domestiques que possible, compte tenu des gages qu’il verse. Il ne leur permet jamais d’être oisifs ; il les nourrit aussi maigrement, les loge aussi mal qu’ils sont prêts à le supporter, en toutes choses il pousse ses exigences jusqu’au point précis où il peut aller avant que le domestique ne quitte son service. Ce faisant, il ne viole pas ce qu’on appelle communément la “justice”. Il s’est entendu avec le domestique pour jouir de tout son temps et de tout son service et il les prend ; la limite du traitement brutal est fixée par la pratique des autres maîtres du voisinage ; c’est-à-dire par le montant habituel des gages des gens de maison. Si le domestique peut trouver une meilleure place, il est libre de la prendre et le maître ne peut évaluer la véritable valeur marchande de son travail qu’en lui demandant tout ce qu’il consent à exécuter.

Tel est le point de vue de l’économie politique sur ce cas, d’après les docteurs de cette science ; ils affirment que par cette procédure on obtiendra du domestique la plus grande quantité de travail moyenne, par conséquent le plus grand profit pour la communauté et, via celle-ci, inversement, pour le domestique lui-même.

Or il n’en va pas ainsi. Ce serait le cas si le domestique était une machine dont la puissance motrice serait la vapeur, la force magnétique, la gravitation ou tout autre agent d’une force calculable. Mais comme il est, au contraire, une machine dont la force motrice est une Ame, la force de cet agent très particulier, inévaluable, intervient dans toutes les équations de l’économiste politique, à son insu, pour fausser chacun de leurs résultats. Cette curieuse machine n’accomplira pas tout le travail qu’elle peut donner contre un salaire, ni sous la pression, ni grâce au concours de tout combustible que fournirait le chaudron. Elle ne l’accomplira que lorsque la force motrice, en d’autres termes la volonté ou l’énergie de la créature, trouvera sa plus grande valeur dans son propre combustible : c’est-à-dire les affections.

9 - Il peut arriver, en effet, et cela arrive fréquemment, si le maître est doué de bon sens et d’énergie, qu’une grande quantité de travail matériel s’accomplisse sous la pression mécanique, redoublée par une forte volonté et guidée par une sage méthode ; il peut aussi arriver, et cela arrive souvent, que pour le maître indolent et faible (quelle que soit sa bonne nature), une très petite quantité de travail, et de mauvaise qualité, sera produite par la force non dirigée du domestique et sa gratitude méprisante. Mais la loi universelle, en la matière, c’est qu’une fois posées n’importe quelles quantités d’énergie et de bon sens chez maître et serviteur, le plus grand résultat matériel qu’ils pourront obtenir résultera, non de leur antagonisme, mais de leur affection réciproque ; si le maître, au lieu de tenter d’arracher autant de travail que possible au domestique, fait plutôt en sorte que le travail nécessaire qui lui est confié lui profite et s’il veille à ses intérêts en toute justice et intégrité, la vraie quantité de travail accomplie, ou de bien effectuée, par celui pour qui on a de tels égards, sera assurément la plus grande possible.

Observez que je parle de “bien effectué” car le travail d’un domestique n’est pas nécessairement ni toujours la meilleure chose qu’il puisse donner à son maître. Mais un bien de toute nature, qu’il s’agisse de service matériel, de protection jalouse de l’intérêt et du crédit du maître, ou de joyeux empressement à sauter sur les occasions d’aider inattendues et irrégulières.
Qu’on profite souvent de l’indulgence, qu’on réponde par l’ingratitude à la gentillesse n’entame aucunement la vérité générale de cette observation. Car le domestique qui se montre ingrat après avoir été gentiment traité cherchera à se venger s’il est traité méchamment ; et celui qui est déshonnête avec un maître libéral sera nuisible à celui qui est injuste.

10 - En tout cas, et avec n’importe qui, ce comportement dénué d’égoïsme suscitera la réaction la plus efficace. Notez que je considère ici les affections uniquement comme une puissance motrice ; pas du tout comme des choses désirables ou nobles en elles-mêmes, ou d’une bonté abstraite en quelque autre façon. Je les regarde seulement comme une force irrégulière, qui annule chacun des calculs de l’économiste politique ordinaire ; du reste, même s’il entendait introduire ce nouvel élément dans ses évaluations, il n’aurait pas la possibilité de le traiter ; car les affections ne deviennent une vraie force motrice qu’en ignorant toutes les autres raisons et conditions de l’économie politique. Traitez gentiment le domestique, dans le but de profiter de sa gratitude et vous n’obtiendrez, comme il convient, aucune gratitude ni rien en retour de votre gentillesse ; mais traitez-le gentiment sans intention économique et toutes les intentions économiques seront satisfaites ; en cette matière, comme dans toutes les autres, quiconque sauvera sa vie la perdra et qui la perd la sauvera. [1].

11 - L’exemple suivant, le plus simple et clair, de relation entre maître et exécutant est celui existant entre le commandant d’un régiment et ses hommes.

Supposons que l’officier désire n’appliquer les règles de la discipline que pour rendre le régiment très efficace, avec le moins d’inconvénient pour lui-même, il sera incapable, quelles que soient ses règles ou leur exécution, de mobiliser toute la force de ses subordonnés, en usant d’un principe aussi égoïste. Si c’est un homme de bon sens et décidé, il pourra, comme dans l’exemple précédent, arriver à meilleur résultat que n’en obtiendrait la gentillesse irrégulière d’un officier faible ; mais que le bon sens et la fermeté soient les mêmes dans les deux cas et c’est assurément l’officier qui a les relations personnelles les plus directes avec ses hommes, le plus de souci de leurs intérêts et qui accorde la plus grande valeur à leurs vies, qui mobilisera leur force effective, grâce à l’affection qu’ils lui portent, à la confiance qu’ils placent dans son caractère, à un degré tout à fait inaccessible par d’autres moyens. Cette loi s’applique avec encore plus de certitude à proportion de l’importance des nombres concernés : une charge réussira souvent, quand même les hommes n’aiment pas leurs officiers ; une bataille fut rarement gagnée à moins qu’ils n’aimassent leur général.

12 - Si l’on passe de ces exemples simples aux relations plus compliquées existant entre un industriel et ses ouvriers, on se heurte d’emblée à certaines difficultés curieuses, résultant apparemment d’un état d’éléments moraux plus dur et plus froid. Il est facile d’imaginer que les soldats nourrissent une affection enthousiaste pour leur colonel. Il n’est pas aussi facile d’imaginer une affection enthousiaste parmi les fileurs de coton pour le propriétaire de la filature. Un groupe d’hommes associés dans le but de voler (comme un clan des Highlands aux temps anciens) sera mû par une affection parfaite, et chacun de ses membres prêt à donner sa vie pour celle de son chef. Mais un groupe d’hommes associés dans le but d’une production et d’une accumulation licites n’est pas mû, d’ordinaire, par des affections de ce type, et aucun d’eux n’est en quelque façon enclin à donner sa vie pour celle de son chef. Et ce n’est pas la seule anomalie apparente, dans les questions morales, à laquelle nous soyons confrontés, s’agissant de l’administration d’un système. Car un domestique ou un soldat est engagé contre des gages ou une solde précis, pour une période déterminée ; en revanche, l’ouvrier reçoit un salaire variable en fonction de l’offre de travail, et court le risque de perdre sa situation à tout moment selon les hasards du commerce. Or, dans la mesure où, dans ce contexte, il ne peut y avoir aucune action des affections, rien qu’une action explosive des désaffections, deux points se présentent à notre examen du problème.

Le premier : Dans quelle mesure le niveau du salaire peut-il être suffisamment garanti pour ne pas varier en fonction de l’offre de travail ?

Le second : Dans quelle mesure est-il possible que des groupes d’ouvriers soient engagés et conservent un tel salaire garanti (indépendamment de l’état du commerce) sans que leur nombre n’augmente ni ne diminue, de telle sorte qu’ils éprouvent un intérêt constant pour l’entreprise à laquelle ils sont liés, comme le domestique d’une vieille famille, ou un esprit de corps comme celui des soldats dans un régiment d’élite.

13 - La première question, dis-je, est de savoir dans quelle mesure il est possible de garantir les salaires, indépendamment de l’offre de travail.

Peut-être l’une des réalités les plus étranges dans l’histoire des erreurs humaines est-elle que l’économiste politique ordinaire nie qu’il soit possible de réguler les salaires ; alors que pour tous les travaux importants sur cette Terre, et pour une grande partie de ceux qui ne le sont pas, les salaires sont déjà régulés de la sorte.

Nous ne vendons pas le poste de Premier ministre lors d’enchères au rabais ; pas davantage, lors du décès d’un évêque, quels que soient les avantages généraux de la simonie, n’offrons-nous (encore) son diocèse à l’ecclésiastique qui acceptera de prendre l’évêché au plus bas prix. Il est vrai que nous vendons des brevets d’officiers (avec l’exquise sagacité de l’économie politique !) ; mais pas ouvertement les postes de généraux : quand nous sommes malades, nous ne recherchons pas un médecin à moins d’une guinée [2] ; quand nous assignons, il n’est pas question pour nous de réduire le prix d’une lettre d’avocat de six shillings et dix huit sous à quatre shillings et six sous ; saisis par l’averse, nous ne démarchons pas les cochers de fiacres pour en trouver un qui estime sa conduite à moins de six sous le mille.

Il est vrai que dans tous ces cas, comme sans doute dans tous les cas imaginables, on se préoccupe en dernière analyse de la difficulté présumée du travail ou du nombre de candidats pour le poste. Si l’on pensait que le travail nécessaire pour devenir un bon médecin serait effectué par un nombre suffisant d’étudiants n’aspirant à empocher qu’une demi-guinée d’honoraire, le public aurait tôt fait de supprimer la demi-guinée superflue. En ce sens définitif, le prix du travail est en vérité toujours régulé par la demande qui en est faite ; mais, pour autant qu’on s’attache à la gestion pratique et immédiate de la question, le meilleur travail a toujours été payé et le reste, comme ce devrait être le cas de tout travail, selon un étalon invariable.

14 - “Comment ,” s’étonne peut-être le lecteur, stupéfait : “payer de la même façon les bons et les mauvais ouvriers ?”

Certainement. La différence entre les sermons de tel prélat et ceux de son successeur - ou entre l’opinion d’un médecin et celle d’un autre - est beaucoup plus grande, s’agissant des qualités d’esprit requises, et beaucoup plus importante dans ses effets sur vous personnellement, que la différence entre une bonne et une mauvaise pose de briques (quoique celle-ci soit plus grande que ne le pensent la plupart). Pourtant, vous payez le même honoraire, et sans barguigner, aux bons et aux mauvais ouvriers sur votre âme, et aux bons et aux mauvais ouvriers sur votre corps ; à bien meilleur titre pourriez-vous payer sans barguigner du même salaire les bons et les mauvais ouvriers travaillant à votre maison.

“Voire, mais je choisis mon médecin et (?) [sic] mon pasteur, en révélant ainsi ce que je pense de leur qualité.” Mais comment donc, alors choisissez aussi votre maçon ; c’est la digne récompense du bon ouvrier, d’être “choisi.” Le système juste et naturel s’agissant de tout travail, c’est qu’il soit rétribué à un salaire garanti, mais que le bon ouvrier soit employé si le mauvais est sans emploi. Le système faux, contre-nature et nuisible, c’est qu’on permette au mauvais ouvrier de travailler à moitié prix et soit de prendre la place du bon ou de l’obliger à cause de la concurrence de travailler pour une somme insuffisante.

15 - Cette égalité des salaires est donc le premier but que nous devons tâcher d’atteindre par la route la plus directe disponible et le second, comme énoncé plus haut, consiste à préserver l’emploi d’un nombre constant d’ouvriers, quelle que soit la demande variable de l’article qu’ils produisent.
Je crois que les variations soudaines et massives de la demande, qui interviennent forcément dans les opérations mercantiles d’une nation dynamique, constituent la seule difficulté essentielle qu’il faille résoudre dans une juste organisation du travail.

C’est un sujet aux trop nombreuses ramifications pour que je puisse les explorer dans un article de ce genre ; on peut cependant noter les généralités suivantes à ce sujet.

Les gages qui permettent à un ouvrier de vivre sont naturellement plus élevés si son ouvrage est susceptible d’interruption que s’il est assuré et continu ; et quelque difficile que devienne la recherche de travail, cette loi générale restera valable : les hommes doivent recevoir un salaire journalier plus important s’ils ne peuvent escompter en moyenne que trois jours de travail par semaine qu’il ne leur en faudrait s’ils étaient certains de travailler six jours par semaine. À supposer qu’un homme ne puisse vivre avec moins d’un shilling par jour, il doit obtenir ses sept shillings par semaine, contre trois journées de travail acharné, ou six de travail mesuré. Toutes les opérations mercantiles d’aujourd’hui ont tendance à confondre salaires et commerce sous forme de loterie, en faisant dépendre le salaire de l’ouvrier d’une activité irrégulière et le profit du patron d’une habile exploitation du hasard.

16 - Savoir dans quelle mesure limitée cette confusion pourrait être rendue nécessaire par l’évolution du commerce moderne, je répète que je n’ai pas l’intention de m’y attarder ; je me contente de constater que ses aspects les plus néfastes la rende assurément inutile, qu’elle résulte simplement de la passion du jeu chez les maîtres, et de l’ignorance et de la sensualité des employés. Les premiers ne peuvent supporter l’idée de laisser la moindre occasion de gain leur échapper, et se ruent frénétiquement sur tout orifice et toute brèche dans les murs de la Fortune, enragés de richesse, affrontant, avec une cupidité impatiente, tous les risques de ruine, tandis que les hommes préfèrent trois jours de travail violent, et trois jours d’ivresse, à six jours de travail modéré et de sage repos. S’il désire vraiment aider ses ouvriers, le patron n’a pas de meilleure façon de le faire qu’en réfrénant leurs habitudes désordonnées, les leurs et les siennes ; en maintenant le volume de ses propres affaires au niveau qui lui permettra de les poursuivre tranquillement, sans céder à la tentation de gains précaires ; et simultanément en inculquant à ses ouvriers des habitudes régulières de travail et de vie, soit en les incitant à préférer des gages inférieurs, sous forme de salaire fixe, à des gages élevés qui les exposent à la possibilité de perdre leur emploi ; ou si c’est impossible, en décourageant le système d’efforts violents correspondant à des gages journaliers théoriquement élevés et en incitant ses hommes à prendre un moindre salaire contre un travail plus régulier.

Si quelque changement radical de ce genre devait intervenir, tous ses initiateurs connaîtraient assurément des inconvénients et des pertes majeures. Ce qui se fait sans inconvénient ni perte n’est pas toujours ce qui s’impose le plus, ni ce qu’il nous incombe le plus impérieusement de faire.

17 - J’ai déjà fait allusion à la différence existant jusqu’ici entre entre les régiments d’hommes réunis à des fins de violence et à celles de fabrication ; elle réside en ce que les premiers semblent capables de se sacrifier - mais pas les seconds ; ce fait singulier est la véritable raison de la mésestime habituelle qui s’attache aux métiers de commerce, par opposition à ceux des armes. D’un point de vue philosophique, il ne semble pas raisonnable, à première vue (beaucoup d’auteurs se sont employés à prouver que c’était déraisonnable) qu’une personne pacifique et rationnelle, dont la fonction consiste à acheter et vendre, soit moins honorée qu’un être agressif et souvent irrationnel, dont la fonction consiste à tuer. Pourtant, l’humanité s’est toujours accordée, n’en déplaise aux philosophes, à donner la primauté au soldat.

Et c’est chose juste.

Car la fonction du soldat, en vérité et par essence, ne consiste pas à tuer mais à être tué. Et c’est pourquoi le monde l’honore, sans bien savoir ce qu’il veut dire. La fonction d’un spadassin est de tuer ; mais le monde n’a jamais respecté les spadassins davantage que les commerçants : s’il honore le soldat c’est que ce dernier met sa vie à la disposition de l’État. Téméraire, il est peut-être - entiché de plaisir et d’aventure - toutes sortes de motifs secondaires et d’incitations viles peuvent avoir décidé du choix de sa profession et peuvent influer (au moins en apparence) sur sa conduite quotidienne ; mais l’estime que nous en avons repose sur ce fait ultime - dont nous sommes pleinement convaincus - que si on l’installe sur la brèche d’une forteresse, avec tous les plaisirs du monde derrière lui et rien que la mort et son devoir devant lui, il gardera le visage tourné vers ceux-ci ; et il sait que son choix peut lui être rappelé à tout moment - et il a déjà joué ce rôle - il le tient sans cesse, en réalité - en réalité, chaque jour, il est à la mort. [3].

18 - Le respect que nous avons envers l’avocat et le médecin n’est pas moins fondé, en dernière analyse, sur leur dévouement. Quels que soient le savoir ou la perspicacité d’un grand avocat, notre principal respect pour lui repose sur notre conviction qu’il s’efforcera de juger justement, quoi qu’il arrive, s’il se retrouve sur le siège du juge. [4]. Pourrions-nous imaginer qu’il accepterait des pots-de-vin, ou mettrait à profit sa perspicacité et son savoir juridique pour faciliter des décisions iniques, nul ornement de son esprit ne lui gagnerait notre respect. Rien ne le gagnera, sinon notre conviction tacite que dans tous les actes importants de sa vie, la justice occupe le premier rang pour lui ; et son propre intérêt le second.

Dans le cas du médecin, les motifs de l’honneur que nous lui rendons sont encore plus clairs. Quel que soit son savoir, nous le fuirions avec horreur si nous découvrions qu’il ne voit ses patients que comme sujets d’expérimentation ; bien pis, si nous découvrions que, recevant des cadeaux de personnes ayant intérêt à la mort de ses patients, il mobilisait toute son expertise pour leur donner du poison sous couvert de médicament.

Enfin, ce principe apparaît dans toute sa clarté en ce qui concerne les ecclésiastiques. Aucune bonne disposition ne ferait pardonner l’absence de savoir chez un médecin ou de sagacité chez un avocat ; un ecclésiastique, en revanche, même si la force de son intellect est réduite, est respecté en raison du désintéressement et de la serviabilité qu’on lui suppose.

19 - Or il est indubitable que le tact, la prévoyance, la décision et les autres qualités mentales requises pour la bonne gestion d’une vaste entreprise mercantile, si on ne saurait en comparer la nature avec celles d’un grand juriste, général ou ecclésiastique, correspondraient à tout le moins aux conditions générales d’esprit indispensables aux officiers subalternes d’un bateau, d’un régiment ou au curé d’une paroisse campagnarde. Si donc tous les membres utiles des professions dites libérales restent en quelque manière honorés par le public et préférés aux directeurs de firmes commerciales, la raison doit en être plus profonde que dans l’évaluation d’aptitudes intellectuelles diverses.

Et la raison essentielle d’une telle préférence, on la trouvera dans le fait qu’on suppose qu’un marchand se comporte toujours égoïstement. Son travail est peut-être très nécessaire à la société ; mais le motif en est perçu comme entièrement personnel. Le premier objet du marchand dans toutes ses tractations doit être (le public en est persuadé) d’obtenir le plus possible pour lui et d’en laisser le moins possible à son prochain (ou client). L’y contraignant, par convention politique, comme le principe nécessaire de son action ; le lui recommandant en toutes circonstances et en l’adoptant lui-même à son tour, proclamant avec force - comme loi universelle - que la fonction d’un acheteur est de sous-payer et celle d’un vendeur de tricher, le public n’en condamne pas moins involontairement le commerçant à se plier à sa propre injonction et l’estampille à jamais comme membre d’un stade inférieur d’humanité.

20 - Le public finira par comprendre qu’il doit renoncer à cette méthode. Il ne doit pas cesser de condamner l’égoïsme ; mais il devra découvrir un type de commerce qui ne soit pas qu’égoïste. Ou plutôt, il lui faudra découvrir qu’il n’y a jamais eu ni ne peut y avoir d’autre type de commerce ; que ce qu’il a appelé du commerce n’était pas du tout du commerce, mais de la duperie ; et qu’un vrai marchand est aussi différent du marchand conforme aux lois de l’économie politique moderne que le héros de l’Excursion d’un Autolycus [5]. Il découvrira que le commerce est une activité dont les gentlemen verront qu’ils doivent s’y consacrer de plus en plus chaque jour, plutôt qu’à l’occupation de parler aux hommes ou de les tuer ; que dans le vrai commerce, comme dans la vraie prédication, ou dans le vrai combat, il est nécessaire d’accepter la possibilité d’une perte occasionnelle et volontaire ; que des pièces de six sous doivent être perdues, de même que des vies, par sens du devoir ; que le marché peut avoir ses martyrs de même que la chaire ; et le commerce ses héroïsmes de même que la guerre.

Peut avoir - et en dernière analyse doit avoir - et qu’il n’a pas encore eu pour cette seule raison que les hommes au tempérament héroïque ont toujours été égarés dans d’autres domaines dans leur jeunesse ; sans reconnaître ce qui est peut-être le plus important de tous les domaines de notre temps ; si bien que, tandis que maintes personnes zélées perdent leur vie à s’efforcer d’enseigner une forme d’évangile, très peu perdent cent livres pour montrer comment le pratiquer.

21 - Le fait est que les gens ne se sont jamais fait expliquer clairement les véritables fonctions d’un marchand à l’égard d’autrui. J’aimerais que le lecteur en soit tout à fait persuadé.

Cinq grandes professions intellectuelles, liées aux nécessités journalières de la vie, ont existé jusqu’ici - trois existent nécessairement, dans toute nation civilisée :

  • La profession du Soldat est de la défendre.
  • Celle du Pasteur de l’instruire.
  • Celle du Médecin de la garder en bonne santé.
  • Celle du Juriste d’y imposer la justice.
  • Celle du Marchand de la fournir.

Et la tâche de tous ces hommes est, le moment venu, de mourir pour elle.
“Le moment venu” c’est-à-dire :

  • Le Soldat, plutôt que de quitter son poste dans la bataille.
  • Le Médecin, plutôt que de quitter son poste pendant l’épidémie.
  • Le Pasteur, plutôt que d’enseigner le Mensonge.
  • Le Juriste, plutôt que d’approuver l’Injustice.

Quant au Marchand, quel est le moment venu de la mort, pour lui  ?

22 - C’est la question majeure pour le marchand comme pour nous tous. Car assurément, qui ne sait quand mourir ne sait comment vivre.

Observez que la fonction du marchand (ou celle du fabricant, car nous employons ici le mot au sens large pour désigner les deux activités) est de fournir la nation. Il n’entre pas davantage dans ses attributions de tirer profit de cette fourniture que l’ecclésiastique n’a pour fonction d’obtenir son traitement. Celui-ci est un supplément dû et nécessaire, sans être l’objet de son existence, s’il s’agit d’un véritable ecclésiastique, pas plus que l’honoraire n’est l’objet de la vie du véritable médecin. Pas davantage sa facture n’est-elle l’objet de la vie du vrai marchand. Tous trois, s’ils sont hommes, doivent effectuer leur tâche indépendamment du paiement - l’effectuer même à tout prix, ou pour tout le contraire d’un paiement ; la fonction du pasteur est d’instruire, celle du médecin de guérir et celle du marchand, comme je l’ai dit, de fournir. C’est-à-dire qu’il doit comprendre en profondeur les qualités des objets dont il fait commerce, et les moyens de les obtenir ou de les produire ; et il doit mobiliser toute sa sagacité et son énergie pour les produire ou les obtenir en parfait état, puis les distribuer au prix le plus réduit possible là où ils sont le plus nécessaires.

Et parce que la production ou l’obtention de tout bien nécessite forcément le concours de plusieurs existences et ouvriers, le marchand se fait, dans le cours de ses affaires, le maître et gouverneur de vastes masses d’hommes d’une façon plus directe, quoique moins avouée, qu’un officier ou un pasteur ; de sorte que lui incombe en grande partie, la responsabilité du genre de vie qu’ils mènent : et qu’il devient de son devoir, non seulement de toujours songer à la façon de produire ce qu’il vend, sous les formes les plus pures et meilleur marché, mais à la manière de rendre les divers emplois impliqués dans la production, ou dans la diffusion des choses vendues, la plus bénéfique pour les hommes employés.

23 - Et comme dans ces deux fonctions, qui réclament pour leur bon exercice la plus haute intelligence, ainsi que de la patience, de la gentillesse, du tact, le marchand est tenu de mettre toute son énergie, de même, il est tenu pour leur juste exécution, comme le soldat et le médecin le sont, de renoncer, si besoin est, à sa vie, de la manière qui pourra être exigée de lui. Dans son rôle de fournisseur, il doit veiller à deux points principaux : d’abord, à ses engagements (la fidélité aux engagements est la vraie racine de tous les possibles, en matière commerciale) ; et deuxièmement, à la perfection et à la pureté de la chose fournie ; de sorte que, plutôt que de manquer à tout engagement, ou de consentir à quelque détérioration, adultération ou prix injuste ou exorbitant de ce qu’il fournit, il est tenu d’affronter sans peur toute forme de détresse, de pauvreté ou de labeur qui pourrait lui incomber du fait du respect de ces points.

24 - Mais encore : dans sa charge de gouverneur des hommes qu’il emploie, le marchand ou fabricant revêt une autorité et une responsabilité d’évidence paternelles. Dans la plupart des cas, un jeune homme entrant dans une firme commerciale échappe tout à fait à l’influence familiale ; son maître doit devenir son père, sans quoi il n’aura plus de père pour l’aider pratiquement et régulièrement : en tous cas, l’autorité du maître, ainsi que la teneur et l’atmosphère générales de ses affaires, comme le caractère de ceux avec lesquels le jeune homme doit frayer, ont plus de poids, immédiat et pressant, que l’influence de sa famille et la neutraliseront habituellement pour le meilleur ou pour le pire ; de sorte que le seul moyen que le maître ait de rendre justice aux hommes qu’il emploie est de se demander rigoureusement s’il traite semblable subordonné comme il ferait de son propre fils, si les circonstances l’obligeaient à accepter un tel poste.

Supposons que le capitaine d’une frégate juge bon ou soit par hasard obligé de mettre son propre fils au poste d’un simple marin : il est tenu de toujours traiter chacun des hommes placés sous ses ordres comme il traiterait son fils. De même, supposons que le directeur d’une fabrique juge juste ou soit par hasard obligé de mettre son propre fils au poste d’un ouvrier de base ; il est tenu de toujours traiter chacun de ses hommes comme il traiterait son fils. Telle est la seule RÈGLE efficace, véridique ou pratique qu’on peut donner sur ce point d’économie politique.

Et de même que le capitaine d’un navire est tenu d’être le dernier à quitter le bord en cas de naufrage, et de partager la dernière miette avec les marins en cas de famine, de même l’industriel, dans toute crise ou grave difficulté commerciale, est tenu d’en endosser les souffrances avec ses hommes, voire d’en prendre davantage pour lui qu’il ne le permet à ses hommes ; comme un père se sacrifierait pour son fils en cas de famine, de naufrage ou de bataille.

25 - Tout cela paraît très étrange : or la seule véritable étrangeté du sujet, c’est qu’elle paraisse telle. Car tout cela est vrai, et non pas en partie ni en théorie, mais de façon durable et pratique : toute autre doctrine que celle-ci, s’agissant de questions politiques, est fausse dans ses prémisses, absurde dans sa déduction et impossible à concilier, en pratique, avec toute amélioration de la vie nationale ; toute la vie que nous connaissons aujourd’hui en tant que nation s’exprime dans le refus et le mépris résolus, par quelques esprits solides, quelques cœurs fidèles, des principes économiques enseignés à nos multitudes, principes qui, pour autant qu’on les accepte, mènent droit à la destruction nationale. S’agissant des modes et formes de destruction auxquels ils mènent, et d’un autre côté, de la description plus précise du fonctionnement pratique d’une vraie cité, j’espère les mieux montrer dans un essai à venir.

Notes

[1La différence entre les deux types de traitements et leurs effets matériels peut s’observer très précisément en comparant les relations d’Esther et Charlie dans Bleak House [La Maison d’Apre-Vent] avec celles de Miss Brass et la marquise dans Master Humphrey’s Clock. [deux romans de Dickens]
Bien des personnes réfléchies ont perdu de vue la valeur et la vérité fondamentales des écrits de Dickens, pour la bonne raison qu’il offre sa vérité sous des dehors un peu caricaturaux. C’est un tort car la caricature de Dickens, quoique souvent flagrante, n’est jamais erronée. Si l’on pardonne à sa façon de les exposer, les choses qu’il nous expose sont toujours vraies. J’aimerais qu’il puisse préférer limiter ses brillantes exagérations aux ouvrages écrits pour le seul amusement public ; et, lorsqu’il s’empare d’un sujet d’une grande importance nationale, comme celui qu’il a traité dans Hard Times, qu’il use d’une analyse plus sévère et plus précise. L’utilité de cet ouvrage (à mes yeux son chef d’œuvre à bien des égards) est sérieusement entamée de l’avis de plusieurs personnes parce que M. Bounderby est un monstre de théâtre au lieu d’être l’exemple caractéristique du maître mondain. Quant à Stephen Blackpool, c’est une perfection théâtrale au lieu d’être l’exemple caractéristique de l’ouvrier honnête. Mais n’oublions pas l’esprit et la sagacité de Dickens sous prétexte qu’il a choisi de parler sous les feux de la rampe. Il n’erre jamais, dans aucun de ses livres, s’agissant de leur portée et but principaux ; tous, et notamment Hard Times, doivent être étudiés avec un soin minutieux et ardent par qui s’intéresse aux questions sociales. On y trouvera beaucoup de partialité, et pour cette raison, d’injustice apparente ; mais si l’on examine toutes les preuves de l’autre camp, que Dickens semble négliger, il semblera, après mûre réflexion, que son point de vue était le bon, en définitive, quoique grossièrement et rapidement énoncé. (NdA)
“Quiconque ...” citation de Mat., XVI, 25 (NdT)

[2Ancien nom de la livre sterling, renvoyant aux pièces d’or de la Royal African Company - spécialisée dans la Traite des Noirs - frappées à partir de 1663 et marquées d’un éléphant sur une face. Cette unité monétaire perdura jusqu’en 1967. (NdT).

[3I Cor., XV, 30-31 (NdT).

[4Le système judiciaire britannique est dominé par les plus brillants avocats qui se voient offrir des sièges de juges pour couronner leur carrière. (NdT).

[5L’Excursion, poème de Wordsworth dont le colporteur déborde d’humanité et de compassion, par opposition à celui - Autolycus - de la pièce de Shakespeare, Un Conte d’Hiver (NdT).


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