NOVEMBRELa bille est sur le billotsa chute déjà ancienne, l’écorce gonfleau premier coup de sciemais le cœur est plus dur : si le tempss’incarne quelque partc’est dans cette dérobade d’une vive traverse -le cercle de chaque décennie n’est battuque par une tête baissée, l’usure du présent.Suant, rouge, je vais en couper pour un jour,une pyramide crémeuse d’Oavec leurs configurations exactes :des cartes enroulées que les flammes peuvent gratterou sonder, exultantcomme nous sur nos divers plans.DÉCEMBRENous arpentons les berges à la recherche de bois flottéde pieux affranchis de leurs feuilles par les flots -d’une longueur héroïque, secs d’abandon.Enchevêtrés, presque tressés, la plupart attrapéspar un tronc vivant qui les a éperonnésvers l’immobilité, nous les avions d’abordpris pour des nids - comme si les sangliersavaient des ailes de soies, avaient apporté chaque billesous des groins massifs, retroussés, et tout embrouillé.Tirés d’un coup sec et chargés, nos fagotsdansent derrière nous, hampes de chronologiesi denses que nous avons un peu la nauséeen atteignant la voiture. J’ai lucomment la plupart des matins du mondese passent de la sorte, mais j’ai trébuchésur dix milles pour le rameau tordu.Plus tard, nous nous étendons et parlons à la chaleurque nous pensons avoir gagnée sur nos épaules âpres...nous rayonnons. Ma vie est un effeuillage d’interrupteurs,quand roulent les turbines mousseuses.JANVIERLes heures sont consacrées : la couronne de fersans cesse levée, la cendre révèlele nom forgé quand je souffle... GodinWotan dans le feu pour un hiver sévère.Les flammes qui brûlent mes phalanges accepteraientdes tombereaux, des armées entières de boissi nous l’avions ; des durs de chêne-vert,des marronniers vigoureux vidés de sève,la sauvagerie pétillante de l’enferdevient le clapotement de chaleur devant lequel s’accroupir,mains écartées. Combien de millénairescompte cet autel, nourri de braisessi hautes vers le soir que nous avons trop chaud...tel une dynastie tardive, impérialerêvant par mythes, il traînesa pourpre dans la seule cendre, comblédes souvenirs de la flamme primordialedu carton déchiré ; le craquement de la barrique ; les brusquesdensités résineuses du laurier.FÉVRIERPendant qu’on pulvérise Basra, je soufflesur la vieille cendre pour qu’elle rougeoieou renverse le plateau, regardele nuage produit dériver pâlevers le néant, comme l’histoire.Abou Nawas, Hassan al-Basri -vieux schnoques mystiquestels des rince-doigts comparés à l’immédiateradio, vieilles voyellesdes Abbassides, antique cendre souffléerougeoyant dans les yeux d’un hommepauvre en humanité...Comme elle est fine cette poussièrecouleur d’huître, cette fumée renverséequi flotte avec majesté derrière les arbres calmes.
Traduction inédite (mars 2000) de Tending the Stove, extrait de From the Neanderthal, Londres, 1999.