(Pour Benjamin Britten)
Sous ton saule accablé,Amant ne boude plus :L’acte de la pensée doit vite découler.À quoi bon ruminer ?Cette morne solitudeProuve ton hébétude ;Lève-toi et replieLa carte de mélancolie.Les cloches qui sonnent sur les présDepuis le sombre clocher,Sonnent pour ces ombres amèresDont Amour n’a que faire.Tout ce qui vit peut aimer ; pourquoiPleurer davantage,Les bras en croix ?Frappe et tu vaincras.Les oies qui volent en V sur ta têteSavent où elles vontSous tes pieds la glace qui fondDans l’océan se jette.Tu iras de l’hiver à l’été, si tu agis :Marche donc, viens par iciNe sois plus transi,Entre dans la plénitude.
Traduction inédite (1994) de Underneath the abject willow (mars 1936) recueilli dans The English Auden 1927-1939, Londres 1978