Guillaume Villeneuve, traducteur
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SOUS TON SAULE ACCABLÉ

dimanche 6 mai 2007, par Guillaume Villeneuve


(Pour Benjamin Britten)

Sous ton saule accablé,
Amant ne boude plus :
L’acte de la pensée doit vite découler.
À quoi bon ruminer ?
Cette morne solitude
Prouve ton hébétude ;
Lève-toi et replie
La carte de mélancolie.
 
Les cloches qui sonnent sur les prés
Depuis le sombre clocher,
Sonnent pour ces ombres amères
Dont Amour n’a que faire.
Tout ce qui vit peut aimer ; pourquoi
Pleurer davantage,
Les bras en croix ?
Frappe et tu vaincras.
 
Les oies qui volent en V sur ta tête
Savent où elles vont
Sous tes pieds la glace qui fond
Dans l’océan se jette.
Tu iras de l’hiver à l’été, si tu agis :
Marche donc, viens par ici
Ne sois plus transi,
Entre dans la plénitude.

Traduction inédite (1994) de Underneath the abject willow (mars 1936) recueilli dans The English Auden 1927-1939, Londres 1978


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