Guillaume Villeneuve, traducteur
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Le destin

dimanche 13 avril 2008, par Guillaume Villeneuve


Si Sainte Thérèse d’Avila a déclaré que nos désirs sont sans remèdes, Balzac affirme que le désir est un souvenir qui espère. Toute mon enfance, j’ai désiré et tendu nostalgiquement les mains vers un pays et un peuple fort éloignés de mes racines londoniennes. On eût dit que je me sentais avancer dans le passé, que j’approchais mon heure à moi, éloignée du présent.

J’ai toujours eu la certitude que chaque individu avait cette heure. C’est un point fixe dans l’éternité, variable selon les êtres, qu’ils atteignent tôt ou tard dans leur trajectoire temporelle. C’est le moment qui les exprime le plus complètement, auquel ils appartiennent essentiellement, où ils vivent le plus pleinement. Avant comme après ils en gardent une certaine conscience et aspirent soit à le trouver pour être comblés ou à le retrouver et, dans cette plénitude et ce cadre, les personnes qui l’ont partagé avec eux.

Grâce au Voyageur et à ses Contes, j’avais entr’aperçu ce moment qui devait pour moi trouver place en Russie, mais dans quelles conditions, je ne sais.

Voyage au cœur de l’esprit, Paris, 2003, pp. 214-5.

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