Guillaume Villeneuve, traducteur
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LA GELÉE DE COINGS

samedi 30 juin 2007, par Guillaume Villeneuve


Couronné de pourpre dans l’ombre de Noël
et prenant garde à la lumière
trop blafarde, je suis sous le charme
devenu vacillant, un oracle à moi seul
égal à celui rendu par la la flamme
reflétée dans le cuivre rond.
 
Oraculaire je suis, braises
sous un voile de cendres. Et je moque
le feu de paille, trop vif, trop chaud
qu’agite spasmodiquement le vent
où tout craque en même temps
par pur désespoir qui ne s’avoue pas
ne laisse pas d’odeur, ni d’âcreté même
à la gorge et sans la nouer, ce pâle
éclat s’évanouira si pauvrement
 
dépouillé des mots mêmes qu’il n’a pas su taire.
 
Euphorbe n’était pas seulement gras, resplendissant,
les cheveux pris dans son propre sang ;
il se tut des années durant ; et le Christ ressuscité
parlait au cœur de ses disciples, sans bruit
- les morts ne parlent qu’en gémissant -
c’était un feu, un vrai, qui les réchauffe.
 
(Quand tant d’hommes de femmes
dédaigneux de la fin du jour,
tirent leurs rideaux, ferment les volets
sans autre excuse que l’habitude ;
quand tant d’amants ou de passants
ivres de chair te déshabillent en pensée
toi qu’excitent leurs visages retournés
déjà parés pour l’Enfer, comme le sut Dante.)
 
C’est une couronne d’écume -
et l’écume, salée ou sucrée,
est toujours la plus pure -
qui frémit à petits bouillons
entre mes tempes mortelles
et dans ce ciel :
nous en tirerons une bonne gelée.

Noël 1983


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