Couronné de pourpre dans l’ombre de Noëlet prenant garde à la lumièretrop blafarde, je suis sous le charmedevenu vacillant, un oracle à moi seulégal à celui rendu par la la flammereflétée dans le cuivre rond.Oraculaire je suis, braisessous un voile de cendres. Et je moquele feu de paille, trop vif, trop chaudqu’agite spasmodiquement le ventoù tout craque en même tempspar pur désespoir qui ne s’avoue pasne laisse pas d’odeur, ni d’âcreté mêmeà la gorge et sans la nouer, ce pâleéclat s’évanouira si pauvrementdépouillé des mots mêmes qu’il n’a pas su taire.Euphorbe n’était pas seulement gras, resplendissant,les cheveux pris dans son propre sang ;il se tut des années durant ; et le Christ ressuscitéparlait au cœur de ses disciples, sans bruit- les morts ne parlent qu’en gémissant -c’était un feu, un vrai, qui les réchauffe.(Quand tant d’hommes de femmesdédaigneux de la fin du jour,tirent leurs rideaux, ferment les voletssans autre excuse que l’habitude ;quand tant d’amants ou de passantsivres de chair te déshabillent en penséetoi qu’excitent leurs visages retournésdéjà parés pour l’Enfer, comme le sut Dante.)C’est une couronne d’écume -et l’écume, salée ou sucrée,est toujours la plus pure -qui frémit à petits bouillonsentre mes tempes mortelleset dans ce ciel :nous en tirerons une bonne gelée.
Noël 1983