Guillaume Villeneuve, traducteur
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Greta Garbo

vendredi 23 mai 2008, par Guillaume Villeneuve


Garbo s’était beaucoup entichée de notre terrier australien, Rat.

- Mais ce nom me paraît si brutal que je vais l’appeler Ratski.

Tous les matins, vers huit heures, elle passait devant l’appartement et Ratski se ruait à l’extérieur pour lui faire fête. Je les rejoignais pour notre promenade le long de la Silvretta. Une fois partis, c’est Rat qui dirigeait les opérations, comme d’habitude. Nous n’allions que là où il voulait aller.

Irvin Shaw et son épouse étaient de vieux amis de Garbo ; ils nous avaient prévenus de ne jamais aborder sa carrière cinématographique. Il s’avéra que c’était son sujet de conversation préférée. Elle se rappelait chaque détail de chaque film, jusqu’aux noms des caméramen.

- C’est eux qui m’ont appris mon mauvais anglais, dit-elle, en nous rappelant qu’elle avait été la star du muet et que le monde entier s’était demandé si la sublime et muette Suédoise pouvait passer au parlant, chose que l’étoile parèdre, John Gilbert, n’avait pas su faire.

Non seulement aimait-elle parler du bon vieux temps, mais elle voulait savoir à quoi ressemblait la MGM tant d’années plus tard. Elle possédait aussi un fonds d’histoire salaces qu’elle aimait raconter encore et encore.

À l’estime, Éditions Galaade, Paris, 2008


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