Guillaume Villeneuve, traducteur
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La corruption morale et physique

samedi 20 janvier 2007, par Guillaume Villeneuve


J’étais surpris de trouver un tel débordement de corruption, et si rapide, dans cet empire, sous l’effet d’un luxe récemment introduit ; du coup, je m’étonnai moins de plusieurs situations semblables dans d’autres pays où les vices en tout genre fleurissent depuis tellement plus longtemps, où toutes les louanges et le butin sont décernés au commandant en chef qui en est peut-être le moins digne.

Comme chaque personne appelée gardait l’aspect exact qu’elle avait eu vivante, je songeai tristement combien la race humaine avait dégénéré parmi nous, au cours de ces derniers siècles. Combien la vérole, par tous ses effets et toutes ses variantes, avait altéré chaque linéament de la physionomie anglaise, raccourci les corps, détendu les nerfs, amolli tendons et muscles, introduit une complexion jaunâtre, rendu la chair flasque et rance.

Voyages de Gulliver. À Laputa, pp. 276-7


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