Guillaume Villeneuve, traducteur
Accueil > Extraits > XXe siècle > Patrick Leigh Fermor > Un temps pour se taire > Rancé et Madame de Montbazon

Rancé et Madame de Montbazon

vendredi 29 mai 2015, par Guillaume Villeneuve


Les commencements de la carrière d’Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé furent remarquables, mais pas anormaux, pour un clerc aristocratique du XVIIe siècle français. Il avait Richelieu pour parrain et les tendresses italiennes de Marie de Médicis le tenant sur ses genoux comptaient parmi ses premiers souvenirs. Riche, beau, fastueux, favori de la cour, il semblait promis au chapeau de cardinal. Il fit de brillantes études en Sorbonne, en particulier en latin, grec, théologie et rhétorique ; encore adolescent, il avait produit une traduction exhaustive et rimée des poèmes d’Anacréon. Quand il consentait, plus par goût du beau geste que par dévotion, à prononcer un sermon, sa virtuosité rhétorique éblouissait toute la cour. Mais ses vraies préférences allaient aux poèmes de l’Anthologie grecque, à l’escrime, à la chasse, aux habits, pierreries, dentelles, chevaux, équipages et au monde*. On n’est pas du tout sûr que sa passion pour la duchesse de Montbazon, célèbre hôtesse et beauté deux fois plus âgée que lui, ait été, au plein sens du mot, une liaison* ; quoi qu’il en soit, cette relation s’acheva, dit-on, de la façon la plus macabre. Madame de Montbazon tomba malade.

Extrait d’Un temps pour se taire, p.60, Bruxelles, 2015.


Mentions légales | Crédits