Terre-Mère, Terre nourricière

La thèse fondamentale de sir Albert Howard [1] c’est que la santé de la terre, des plantes, des animaux et des humains s’insère dans une chaîne et que la faiblesse d’un des premiers maillons ne peut qu’avoir un impact sur la santé humaine. Selon lui, la victoire des parasites végétaux et animaux révèle le déséquilibre de la chaîne : "La menace sur la santé des populations humaines (le quatrième maillon) dans les pays civilisés modernes résulte de la défaillance des deuxième et troisième maillons." Surtout, Howard affirmait qu’une santé dégradée des plantes, des animaux ou des humains était imputable à l’appauvrissement du sol. D’où sa défense des principes fondant l’agriculture :

"On peut résumer en quelques mots la principale caractéristique d’une agriculture naturelle. La Terre-mère ne tente jamais de produire sans cheptel : elle cultive toujours des récoltes mixtes ; on prend soin de protéger le sol et d’empêcher l’érosion ; les déchets végétaux et animaux, mélangés, sont transformés en humus ; le gaspillage est proscrit ; les processus de décomposition s’équilibrent les uns les autres ; on veille à préserver d’importantes réserves de fertilité ; on accorde une grande attention à la collecte des eaux de pluie ; on laisse plantes et animaux se protéger seuls des maladies."

[...]

La Soil Association fut fondée en 1946 par un groupe d’agriculteurs, de savants et de nutritionnistes ; elle est devenue la principale organisation britannique vouée à la promotion de l’agriculture biologique par opposition à l’agriculture intensive. Comme le dit sir Albert Howard, ses pionniers ont noté un lien direct entre les pratiques agricoles et la santé de l’environnement dans son ensemble (plantes, animaux, êtres humains).

Charles d’Angleterre, un prince militant, Paris, 2008, pp. 70, 71, 72.